Avant l’existence de l’Implantologie dentaire, un édenté total n’avait pas d’autre solution que les prothèses amovibles, les grands édentés aussi, majoritairement. Les patients peu édentés mais ne disposant pas de dents naturelles suffisamment résistantes sur l’arcade étaient dirigés également vers ces systèmes considérés alors comme une étape avant d’en venir à l’édentation complète à court ou moyen terme. C’était une façon de limiter les dégâts.
Les prothèses amovibles
Ces prothèses amovibles occupent un volume plus important que les dents, parfois même beaucoup plus important. Elles donnent aux patients le sentiment d’un objet rapporté et mal intégré. Leur dépose plusieurs fois par jour, nécessaire pour leur entretien, est un rappel permanent de leur infirmité. Même lorsque ces prothèses sont bien tolérées, il existe un effet synergique dans la psychologie de l’individu qui fait qu’une autre dégradation, capillaire par exemple, va devenir exagérément insupportable.
Certaines de ces prothèses sont munies d’un faux palais pour des raisons de maintien. Ceci a pour conséquence une altération du goût, doublée d’un éventuel problème de phonation, et une perte du sens du contact. Le toucher buccal permet de mieux percevoir la consistance des aliments et leur palpation renseigne sur leur forme. Ces éléments font partie de la gustation, et leur absence est un handicap qui replace la gastronomie dans les souvenirs lointains.
Ces prothèses peuvent aussi être mal supportés pour des raisons de douleurs permanentes ou occasionnelles. Elles sont parfois peu rétentives, elles ont de fâcheuses tendances à s’échapper.
Leur liberté est insupportable. Elles gardent un côté anti-naturel, on n’a d’ailleurs jamais pu faire supporter un appareil amovible à un animal accidentellement édenté.
L’efficacité des prothèses amovibles dans l’acte masticateur est toujours plus ou moins perturbée. Le régime alimentaire s’en ressent, inévitablement. Ce problème n’existe pas dans tous les pays, mais les Français doivent être traités avec des soins particuliers, en fonction de leur attachement pour leurs petits plats préférés. Il arrive cependant que ces appareillages soient parfaitement tolérés. Dans ces cas là, ils sont bienvenus, et les patients satisfaits n’ont alors aucune raison de rechercher une solution différente. Un autre système peut s’avérer moins efficace et même perturbant. Il ne faut jamais proposer un travail prothétique implanto-porté à un patient satisfait de ce qu’il porte en bouche.
Les implants dentaires
Face aux appareillages amovibles, les implants apportent deux solutions. Celui qui est le plus souvent demandé, généralement par l’intermédiaire du confrère qui a tout essayé pour faire tenir la prothèse de son patient, est de créer un système implanté sur lequel la prothèse amovible existante, en question, va pouvoir venir se fixer par clipage. Ces systèmes peuvent être très discrets et assurer seulement le maintien efficace de l’ensemble. Il peut aussi être plus conséquent et supporter une part des forces masticatrices. Par la même, ils soulagent les tissus gingivaux et suppriment les douleurs ou les blessures.
Le deuxième type de service est d’ajouter sur les arcades dentaires les implants qui vont permettre la réalisation de prothèse fixes.
Avant l’existence de l’Implantologie dentaire, une édentation d’une ou de quelques dents pouvait être restaurée par l’adjonction d’une prothèse fixe. Cette solution reste une excellente solution encore aujourd’hui, lorsqu’elle est fonctionnellement et psychologiquement bien supportée.
La prothèse fixe permet des reconstitutions, à la fois esthétiques et confortables. Elle n’occasionne des douleurs que lorsque les dents naturelles utilisées s’affaiblissent ou s’infiltrent. Ces défauts sont rares et généralement parfaitement réversibles lorsqu’ils sont traités à temps. Ils restent néanmoins un signe de précarité à moyen ou long terme.
En fait l’Implantologie dentaire est très étroitement liée à la discipline de la “Prothèse Fixée”. Les implants dentaires sont apparus précisément, pour permettre la réalisation des prothèses fixes dans les cas où seules les prothèses amovibles étaient envisageables.
Les implants dentaires permettent aussi d’économiser l’utilisation des dents naturelles pour maintenir les prothèses fixes.
Prenons l’exemple d’un patient qui présente l’absence d’une incisive centrale supérieure. En plein centre du sourire, ce manque est du plus mauvais effet.
Le remplacement de cette dent peut se faire avec une prothèse amovible. Dans ce cas, une dent artificielle sera à la place de la dent manquante, elle sera assise sur une plaque résineuse ou métallique, parfois les deux à la fois. Cette plaque recouvre partiellement le palais et supporte des crochets ou des éléments d’ancrage sur les dents existantes. Cet appareil occupe un volume disproportionné par rapport à la dent manquante. Il a tous les défauts, déjà décrits, pour ce type de prothèse.
Le patient peut aussi avoir recours à une prothèse fixe. Classiquement, il convient alors de tailler les deux incisives proximales par rapport à la manquante. C’est une taille en forme de cône qui nécessite dans certains cas la dévitalisation de ces dents. Un ensemble de trois dents sera ainsi créé prothétiquement et restituera un aspect et une fonction quasi identique à ce qui existait avant la perte accidentelle. L’ensemble prothétique est scellé et se fait généralement oublier du patient et de son entourage.
Ceci est parfait lorsque les dents naturelles restantes sont de bonne qualité et que le travail supplémentaire qu’elles vont devoir effectuer ne risque pas de les fragiliser et de réduire leur durée de vie sur l’arcade. Celles-ci peuvent parfois être dans un état précaire, ou présenter une mobilité, qui n est pas inquiétante pour elles-mêmes, mais qui proscrit leur utilisation pour un travail accru. Il faut alors envisager d’utiliser non pas deux piliers naturels mais trois ou même davantage pour obtenir le résultat convenable souhaité. On perçoit alors le déséquilibre qu’il y a entre le travail entrepris et la cause initiale.
Le sourire initial laissait peut-être entrevoir des espaces inter-dentaires qui personnalisaient le sourire sans être disgracieux. La réalisation d’un bloc de trois dents risque de le modifier assez dysharmonieusement et ne pas satisfaire le patient.
Dans un tel cas, un implant peut être inséré à l’emplacement même de la dent manquante.
Une prothèse constituée d’une seule dent occupant le même volume et ayant l’aspect de celle accidentellement disparue, pourra être fixée sur cet implant après quelque mois de cicatrisation.
La reconstitution finale sera attrayante, et fonctionnelle, elle préservera les dents collatérales et sauvegardera les espaces interdentaires éventuels, Nous ne sortons pas de la prothèse fixée, mais l’implant apporte un “plus” évident.
Dans un tel cas, l’implantation n’est pas forcement la meilleure solution, elle a aussi ses faiblesses et la crête résiduelle peut très bien être incapable de la supporter.
Seul un clinicien averti peut prendre la décision.
Pour le plasticien dans une telle situation, il envisagerait, certainement, la solution de placer un implant au niveau de la dent manquante même Si la crête résiduelle est un peu faible, et il ne manquera pas de la renforcer par l’adjonction d’un matériau ostéogénique, c’est à dire un matériau capable de régénérer la masse osseuse disparue. l utilisera néanmoins un pilier naturel, mais un seul: l’incisive centrale symétrique de la manquante. Je ferai en sorte de pouvoir tailler cette dent sans la dévitaliser. La prothèse finale serait, en conséquence, constituée de deux dents supportées, par un implant et une dent naturelle.
L’esthétique dans ce cas est toujours facile à satisfaire puisque l’ensemble est symétrique. Il ne faut pas omettre l’avantage de la proprioception ainsi restituée sur la dent remplacée, c’est-à-dire la possibilité pour la dent implanto-portée de ressentir les efforts qu’elle déploie grâce aux fibres sensitives contenues dans le ligament de la dent “pilier naturel”.
Cette méthode mixte a l’avantage de limiter les dégradations des dents naturelles et de s’harmoniser à la psychologie d’un patient désireux de conserver son intégrité.
Pour les édentations supérieures à une dent, l’implant limitera systématiquement le nombre des piliers naturels utilisés. Les édentations importantes quant à elles, nécessitent l’utilisation de tous les piliers naturels existants, lesquels seraient insuffisants pour soutenir efficacement une prothèse fixée, sans l’adjonction de plusieurs implants.
Il est clair qu’il n’y a pas antagonisme entre prothèse fixée et Implantologie dentaire. Les deux disciplines restent intimement liées. L’une n’est pas au service de l’autre, elles sont simplement complémentaires.
En conclusion, l’Implantologie dentaire peut fournir une meilleure tenue des appareils amovibles. Elle peut aussi permettre la suppression de l’appareil amovible et ouvrir la porte à la réalisation d’une prothèse fixée. Elle apporte un sensible renforcement et une meilleure fiabilité des prothèses fixes classiques.
Plus d’informations :
En fait lorsqu’un patient se présentait dans mon cabinet il y a environ 20 ans, je ne proposais un système implantable que dans la mesure où les techniques conventionnelles ne pouvaient rendre le service attendu. Cette discipline était considérée comme la dernière roue du carrosse.
Aujourd’hui c’est très exactement l’inverse. En présence d’une édentation, le chirurgien recherche la meilleure solution implantable, et c’est seulement dans les cas, assez rares, de contre-indication formelle à l’Implantologie qu’il propose une solution conventionnelle.